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MALENBAÏ aide humanitaire au Rajasthan
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24 octobre 2009

Extraits du blog de Genevieve apres un sejour dans le desert

vendredi, octobre 23, 2009

La défense des savoir-faire du désert

L'association de Capucine et de Pabu - Malenbai - tente de retrouver des artisans qui se donneraient l'envie de renouer avec les métiers traditionnels au lieu d'aller casser des pierres sur le bord des routes en s'expatriant, pour plusieurs semaines, de leur village et de leur famille.












C'est ainsi que Kastura Ram, le tisserand, qui vit avec toute sa famille à Joshia, s'est remis à tisser laine de chèvre, poils de chameau et fils de coton. Il s'est même construit un nouvel abri pour travailler plus tranquillement. Jeanine et moi avons acheté chacune deux tapis pour les vendre dans nos marchés de Noël respectifs pour soutenir l'initiative. Le problème reste bien sûr de trouver de la laine de chèvre, puisqu'il semble qu'on ne sache plus tisser les poils de chèvre...



Un autre artisan s'est joint au projet: un potier du village de Radah. Il fait partie de la caste des potiers et aucun pot n'était sorti de ses mains depuis plusieurs années. Capu et Pabu l'ont convaincu de se remettre au tour et un des fils est très doué pour prendre la relève. Pour Divali, beaucoup de villageois sont venus lui acheter pots et vasques de fête. Et ça, c'était une victoire que la clientèle locale commence à revenir chez lui au lieu d'aller dans la grande ville!


Un savoir-faire très impressionnant est celui de tresser des herbes pour en faire des cordes qui tiendront une toiture en paille durant les mois de tempête de sable. Kamanadji est un vieux monsieur, léger comme une feuille de papier Bible, qui n'a pas hésité à se précipiter à Podha pour nous montrer de quoi il était capable! Le soir. il est allé chercher sur une dune toute proche l'herbe exacte dont il avait besoin. Il a pris son temps. Nous l'avons attendu en regardant les pierres dans le soleil couchant. Puis, le lendemain, à l'aube, il a commencé à tresser...et les herbes folles se sont faites cordes et liens...




Pabu Ki Dhani

 

 

 

 

 

 

 

La première fois que j'ai entendu ce terme hindi - dhani -, c'était dans le Shekawati à Apani Dhani. Cela m'avait frappé, parce que, d'une part, c'était le prénom de Dany, mais d'autre part, il était prononcé avec une sorte de douceur toute particulière. Quand on m'a donné la traduction d'"Apani Dhani", notre naison, j'ai compris, une fois de plus, combien les sonorités de certaines langues traduisent l'essence des choses qu'elle nomme.

 

 

Et voilà que je retrouve ce terme ici, chez Pabu et Capucine, dans leur projet d'accueil "à la maison"! Avec courage et détermination, ils ont aménagé un terrain, enlevé les pierres (pour éviter que les serpents ne s'y cachent et pour voir ainsi leurs traces sur le sable), planté et arrosé des arbres en cercle, fait construire des charpois magnifiques avec un cadre de bois et des pieds qu'ils sont allés chercher à Barmer. D'abord une hutte ronde, puis trois, puis deux huttes rectangulaires.

 

Beaucoup de soin dans la construction, dans le traitement du toit (contre les insectes ou les scorpions dont les femelles ont tendance à faire leur nid dans la paille...), dans la décoration très sobre réalisée par Capucine à la chaux.


Les toilettes et salle de bain pour un "indian bath" sont dans la grande maison, mais désormais, tout est séparé et clairement délimité: la cuisine, la salle de bain, la pièce à vivre, une pièce qui servira de bureau, une immense réserve pour stocker le matériel, un enclos de fourrage, un autre pour les chèvres qui donnent le lait chaque jour et qu'il faut traire (en général, s'y mettre à deux, car ça gigote une chèvre!)...

 

 

Le projet de Capucine et de Pabu est d'accueillir pour un, deux ou trois jours des voyageurs qui veulent approcher la vie du désert, dans sa réalité de tous les jours: le silence, l'absence d'électricité, les repas faits sur le feu, le sommeil dans les bruits de la nuit, les chants des hommes qui bercent les enfants, la nature à la fois si dure et si belle... Il reste à trouver un nom définitif pour cette maison d'accueil. Et faire un site web, et un prospectus, et...et...et... Mais nous en reparlerons!

 

 

 

 

Les couleurs du désert



 

 

Quand les verts se font rares et que les tons de la nature se déclinent en ocre, rouille et noir, sous un ciel uniformément bleu, les êtres humains ont su, depuis l'aube des temps sans doute, réveilletr tout cela par des vermillons, des orangés, des roses et des bleus audacieux. Dans le désert, dans tous les déserts du monde, même les déserts qui relèvent de pays ultra religieux, les tribus se parent de couleur. Bien sûr, ce sont les femmes qui donnent le ton, mais les hommes ne sont pas en reste, même si, seul, le turban témoigne de ce souci de la couleur.

 

Cette femme est de la tribu des Jhoguis du village de Choderia. Les femmes de sa tribu dansent des danses ancestrales apprises de générations en générations. A la différence des danseuses de Bharatanatyam, elle ignore totalement la signification des gestes accomplis. Pourtant, nous aurions pu mettre une "Légende" sous chacun d'eux: merci à la terre, merci au ciel et aux étoiles, les gestes du labeur, cs pieds eux de l'enfantement, ...


Ses pieds nus lourdement chargés de la fortune que les enfants auront à se partager après la mort et la crémation du corps heurtaient

 

 

Elle a dansé voilée, car Pabu était présent, et même si son frère et son mari étaient présents et lui intimaient l'ordre de se dévoiler, elle ne le pouvait tout simplement pas... Elle avait donné naissance à neuf enfants, et normalement, une femme se voila la face devant un homme plus âgé qu'elle, ce qui n'était nullement le cas de Pabu.

 

 

 

Le frère joue de la flûte du désert, en devant souffler, me semble-t-il, aussi fort que dans un duduk arménien, vu le gonflement des joues!

 

 

 

Les Jhoguis sont une des plus basses castes qui soient. Ils sont un peu méprisés même par les autres basses castes parce qu'ils mangent n'importe quoi...



 

 

 

 

 

 

 

Les arbres du défi

 

 

 

 

 

 

 

 

Quel défi que de faire planter quelques arbres autour d'une maison quand on habite une région où les pluies, certaines années, sont inexistantes! Il faut penser à tout: à la terre et à l'emplacement, bien sûr, mais aussi au vent, aux chèvres voraces, aux vaches errantes, aux chameaux gloutons, à l'eau qu'il va bien falloir amener de loin pour arroser suffisamment les jeunes arbres tous les dix jours, prévoir un budget à cet effet, protéger, soigner, regarder, anticiper, utiliser la base humide comme mini jardin potager! A chacun sa technique. Celle de Benjamin, ci-contre, diffère de celle de Pabu ci-dessous.






 


J'ai été émerveillée par le travail entrepris par Pabu tout autour de la maison et autour des huttes. les arbres sont encore très jeunes, mais je peux imaginer combien cette couronne d'ombres si elle s'étoffe au fil des ans sera agréable et accueillante. Tout devient cercle et centre dans la Dhani de Pabu et Capucine. Nous en reparlerons.




 






 

Mais il y a aussi les autres arbres. Ceux qui poussent en sauvage. Ceux qui puisent leur subsistance dans les profondeurs de la terre. Ceux qui rompent la monotonie du paysage et qui défient la terrible malédiction de la sécheresse. Leurs formes sont étonnantes. Leur tronc ressemble parfois à de la pierre. Leurs racines s'apparentes à des pieds qui veulent s'émanciper. Les buissons ont l'air d'être de passage seulement... Souvent, ils se défendent avec des piquants.





 




 




 




 




 

Les pierres du désert

 

 

 

 

 

Bien sûr, le sable est présent dans le désert du Thar. Mais pas tant que ça. Il y a quelques dunes immenses: celles de Sam, celles de Khuri, celles des "camel safaris" touristiques où il est proposé de faire une heure de chameau, de s'arrêter pour assister au coucher du soleil, de boire un tchai dans le sable, puis de repartir à son hôtel... Il me semble qu'il y a plus de pierres que de sable. Ou plus exactement, il y a du sable, beaucoup de sable, mais sous les pierres.

 

 

 

 

Les pierres sont, selon la région, noires, rouges, blanches, ocres, jaunes. Les couleurs des pierres varient en fonction de la lumière et du moment de la journée. Les pierres du désert sont en petit ce que les pierres de la Lena étaient en grand: elles contiennent toute la mémoire du monde. Chaque pierre raconte une histoire dans sa forme, dans sa couleur, dans sa texture, dans les motifs qu'elle contient. Il suffit de se pencher et de lire. Hier soir, quand nous sommes rentrés en tracteur dans le couchant, lee pierres noires étaient devenues violettes.



Le silence du désert

 

C'est ce qui frappe d'abord, chez Pabu et Capucine: le silence. Bien sûr, il y a parfois les cris des petits chirikis qui déchirent l'air au-dessus de la tête, puisqu'ils font leur nid dans la paille du toit des huttes ou de l'auvent. Il y a aussi la vigueur de la voix de petit Mohan quand il chasse les chiens sauvages à la manière de son papa. Mais, dans l'intervalle de ces sons, il y a le silence. Et avec la qualité de ce silence-là, il y a le temps, un temps dense, presque palpable, un temps en rapport avec l'humain dans ce qu'il a de plus proche de la nature. Le temps de la nuit (qui tombe très tôt vers 18 heures), puis cet espace de temps qui ira du lever du soleil à son coucher et durant lequel on mangera, on parlera, on dormira...

 

 

 

 

 

 

 

 

Silence habité de mille sons, avec en musique de fond, en cette saison, le vent qui vient de loin et qui fait chanter les toits de paille, qui fait tourbillonner le sable en longues volutes sur le lac asséché devant la maison, qui fait se courber les jeunes plantations. Il faut compter avec le vent par ici. Il peut se lever en milieu de nuit et le silence devient tintamarre soudain. Il peut se lever en milieu de journée et devenir tempête de sable qui recouvre tout. Et le vent, si souvent présent en cette région du monde, fait tourner les pales des éoliennes en une danse ininterrompue tout autour de Jaisalmer.


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